A l’occasion de la visite en Tunisie du Président Emmanuel Macron en janvier 2018, le Collectif Enseignement Tunisie tire la sonnette d’alarme sur les conséquences graves de l’amputation de 8% du budget de l’AEFE . Deux lettres : l’une à l’Ambassadeur, l’autre au Président de la République.
Collectif Enseignement Tunisie : parents, enseignants, Conseillers Consulaires
Tunis, le 11 janvier 2018
Monsieur l’Ambassadeur,
A la suite de l’amputation de 8 % de son budget, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger a pris des décisions lourdes de conséquences pour l’avenir de son réseau.
– L’augmentation de la contribution des établissements à l’AEFE passera de 6% du montant des frais de scolarité perçus, à 9% pour tous les établissements en gestion directe et conventionnés, avant de redescendre à 7,5% en 2019. Cette mesure a déjà impacté le fonctionnement des établissements qui ont augmenté de manière substantielle leurs frais de scolarité pour 2018/2019.
– Par ailleurs, l’AEFE a annoncé la fermeture de 80 postes d’expatriés et 100 postes de résidents pour l’année scolaire 2018/2019, baisse qui se poursuivra les années suivantes pour atteindre un objectif de fermeture de 500 postes de titulaires au total. Cela signifie, d’une part, une baisse du nombre de titulaires de l’Éducation Nationale dans le réseau et, d’autre part, la nécessité pour les établissements de recourir aux recrutements locaux lesquels sont financièrement à la charge des établissements.
– L’annulation de toutes les subventions (hors sécurité et protocoles pluriannuels d’investissement dans la plupart des projets immobiliers) pour 2018, signifie un report non négligeable de dépenses sur les parents ou des économies substantielles sur le coeur de métier des établissements.
Devant ces décisions, sans précédent dans l’histoire de l’agence, l’association de parents d’élèves (APEESFT), la liste indépendante des parents d’élèves de l’ERT (LIPE ERT) et la FCPE des écoles GM et CN – les syndicats d’enseignants (SE-UNSA, SNES-FSU, SNUipp-FSU) – les conseillers consulaires (Madeleine Berger Ben Naceur, Martine Vautrin Djedidi, Laurent Caizergues, Francis Gaetti et Michel Zucchero), signataires, ont décidé de se réunir au sein d’un « collectif enseignement de Tunisie».
Nous considérons que ces mesures sont inquiétantes pour l’avenir des établissements français dans le monde et en particulier en Tunisie.
Nous demandons le maintien des postes de titulaires ainsi que la mise en place de mesures budgétaires compensatoires afin d’assurer le maintien des moyens financiers de l’agence.
Le collectif souhaite vous rencontrer rapidement afin d’échanger et d’éclairer nos positions et inquiétudes quant à l’avenir des établissements de l’AEFE en Tunisie.
Le président de la République sera sur le territoire Tunisien à la fin de ce mois, nous sollicitons un entretien, avec les membres du collectif, lors de sa venue afin de pouvoir échanger sur l’avenir du réseau AEFE en Tunisie.
Dans cette attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de notre haute et cordiale considération.
Les signataires :
Association de parents d’élèves : APEESFT
LIPE ERT : Liste indépendante des parents d’élèves ERT
FCPE : représentant de l’école Guy De Maupassant et Charles Nicolle
Syndicats d’enseignants : Snes-FSU / SNUipp-FSU / Se-UNSA
Conseillers Consulaires : Madeleine Berger Ben Naceur / Martine Vautrin Djedidi / Laurent Caizergues / Francis Gaetti / Michel Zucchero /
Collectif Enseignement Tunisie : parents, enseignants, anciens élèves, Conseillers Consulaires
Tunis, le 27 janvier 2018
Monsieur le Président de la République,
A toutes les personnes concernées par l’AEFE et son avenir,
Nous, anciens élèves, parents d’élèves, enseignants et Conseillers Consulaires, nous tenons à vous rappeler notre attachement sans faille à nos établissements français en Tunisie.
Nous avons été élèves dans ces établissements, nous avons fait le choix pour nos enfants de cet enseignement, nous y travaillons, nous représentons la communauté française. Tous, à ces divers titres, nous souhaitons vous interpeler interpeller sur les décisions prises envers l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger ainsi que sur les annonces concernant son avenir.
Rappelons que l’amputation de 8 % du budget de l’AEFE a été une décision lourde de conséquences en Tunisie.
– déjà 8 (peut-être 9) postes d’enseignants titulaires sont fermés pour la prochaine année scolaire sans que nous n’ayons la certitude que cette hémorragie ne soit accentuée par des non-renouvellements de détachements – situation récurrente chaque année maintenant- ou des refus de détachements par les académies d’origine, ou simplement, par de nouvelles fermetures qui ne seraient pas encore annoncées. Nous demandons qu’aucun poste ne soit non pourvu au motif de refus de détachement ou de refus de renouvellement de détachements. La baisse constante de la proportion de titulaires français remet en cause l’enseignement dispensé. Les discours volontaires sur la formation future des personnels recrutés localement ne tiennent pas devant les disparitions des postes d’enseignants dont la mission était justement d’assurer la formation de ces personnels.
– les frais de scolarité sont en augmentation de 9 % pour la prochaine rentrée scolaire, sans prendre en compte l’explosion des frais de première inscription (qui vont plus que doubler). Ces choix financiers auront des conséquences pour les familles qui devront dorénavant s’acquitter de frais encore plus conséquents. Nous ne voulons pas d’un enseignement réservé à une élite économique, si éloigné de l’esprit de l’éducation à la française. L’avenir budgétaire de ce réseau ne peut s’appuyer davantage sur les familles.
– nos établissements cumulent une dette qui, sous l’effet de la dévaluation du dinar et l’inconvertibilité de la monnaie, augmente mécaniquement et fragilise grandement les budgets de nos établissements. Jusqu’en 2012, il était possible à nos établissements, par l’intermédiaire de la Chancellerie, de s’acquitter de leurs participations au budget de l’agence. Ce n’est plus possible aujourd’hui, ce qui entraîne à la fois une augmentation de leurs dettes mais aussi une perte de ressources conséquente pour l’AEFE. Nous demandons à ce que les établissements puissent à nouveau s’acquitter de leurs participations au budget de l’agence par l’intermédiaire de la Chancellerie.
– nous constatons des difficultés accrues pour recruter des personnels localement avec les mêmes compétences qu’au préalable. La langue française est malheureusement en recul en Tunisie. Si nous regrettons cette situation, nous ne pouvons envisager que cela soit le cas au sein de nos établissements. De plus, si les programmes tunisiens et français étaient par le passé très proches, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La différence pédagogique et le niveau linguistique ne permettent pas d’assurer l’enseignement promis. On nous parle de « riche vivier » en Tunisie alors que depuis dix ans, un très grand nombre de formations universitaires sont dispensées désormais en langue arabe.
Nous, anciens élèves et parents d’aujourd’hui, avions fait le choix de cette éducation pour sa culture, sa langue, son savoir-faire et l’excellence de l’enseignement qui y était dispensé. La Tunisie a largement participé à l’effort collectif, nous vous demandons de stopper cette « hémorragie ». Nous vous prions de nous entendre et de réfléchir à l’avenir de ce réseau qui nous a tellement apporté et que nous ne pouvons nous résoudre à voir fragilisé. Nous vous demandons de revenir sur les décisions prises et de tout mettre en œuvre afin de préserver et même de développer ce réseau qui voit grandir les futurs ambassadeurs de la francophonie et de l’amitié entre nations.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute et cordiale considération.
Les signataires :
Association de parents d’élèves : APEESFT
LIPE ERT : Liste indépendante des parents d’élèves ERT
FCPE : représentant de l’école Guy De Maupassant et Charles Nicolle
Association des anciens élèves
Syndicats d’enseignants : Snes-FSU / SNUipp-FSU / Se-UNSA
Conseillers Consulaires : Madeleine Berger Ben Naceur / Martine Vautrin Djedidi / Laurent Caizergues / Francis Gaetti / Michel Zucchero /